La fascination pour l’IA. Conférence 30 janvier à 18 h 15 à l’Espace Bernanos

Notre association organise une conférence à deux voix à l’Espace Bernanos le vendredi 30 janvier 2026 à 18 h 15, sur le thème

La fascination pour l’IA : libération ou asservissement

avec
Mathieu GUILLERMIN, philosophe, physicien, enseignant-chercheur Univ. Catholique de Lyon
Entre liberté et responsabilité : la spécificité de l’intelligence humaine par rapport à l’IA.
Thomas SOUVERAIN, philosophe, post-doctorant au C.E.A.
L’IA, le maître et l’apprenant : maintenir les distinctions.

Lieu : 4 rue de Havre, Paris (9°). Entrée libre

Hommage à Jean-François Lambert

(1944 -2025)

Jean-François,

L’Association des Scientifiques Chrétiens a perdu avec toi un membre éminent et ton départ laissera un vide. Tu faisais partie de l’équipe qui a créé notre Association et tu as toujours participé à ses travaux ainsi qu’à nos réunions du bureau. Je me souviendrais toujours des interventions que tu y faisais, de façon informelle ou non ; tu y faisais preuve du recul nécessaire qu’apporte un neurophysiologiste par rapport à nos discussions souvent un peu terre à terre.

Avec une grande finesse intellectuelle, tu n’hésitais pas à prendre de temps en temps des positions qui pouvaient surprendre mais qui étaient fondées sur des connaissances sures. Tu avais le souvenir des échanges que tu avais eu avec les grands scientifiques que tu avais côtoyés – comme Dominique Laplane ou Jacques Arsac – et j’ai appris que tu avais influencé un très grand nombre d’étudiants de tous niveaux (depuis les premières années de licence, jusqu’au doctorat).

Tu avais un grand souci de montrer qu’il ne pouvait pas y avoir de contradiction entre la foi chrétienne et les authentiques connaissances scientifiques, et qu’un petit détour par la philosophie permet de souvent de dénouer des oppositions entre ces deux facettes d’une même montagne.

Par ailleurs, certaines de tes interventions feront date, comme cette conférence du 7 février 2019 à l’Académie d’éducation et d’études sociales (AES) sur le thème « l’esprit est-il mécanisable ? ». Ce fut le point de départ de notre collaboration pour l’écriture de notre livre « La guerre des intelligences n’aura pas lieu ». Cela nous a rapproché beaucoup : nous évoquions les années Arsac, comme tu aimais appeler cette période des années 2000 et beaucoup de souvenirs. De nos rencontres dans le café près des Halles où nous discutions du contenu de ce livre, je me rappelle ton insistance sur la question de l’affection et des affects. Tu me rappelais que lorsqu’une personne montre son affection à un ami en le touchant par exemple, elle est aussi affectée par cet acte. Qu’une personne qui touche sa mère ou son père gravement malade est affecté par ce toucher (alors que le meilleur robot du monde faisant de la « calinothérapie » ne ressentira rien, ne sera en rien affecté).

J’ai compris après ces échanges combien, malgré ta réserve naturelle, cette question de l’affect était importante pour toi.

Tous tes amis de l’Association te redisent leur affection !

Rémi Sentis, vice-président

Voir ICI l’évocation de la vie de Jean-François Lambert faite par son fils lors de ses obsèques

Antiqua et nova. Sur les relations entre IA et intelligence humaine. Extraits

Note publiée par le Vatican avec approbation du pape en janvier 2025. Principaux extraits des chap. II, III et IV, (le chap. V étant dédié à des applications spécifiques de l’IA)°. On note l »importance de la notion d’incarnation pour l’intelligence humaine (§ 16,17, 30) et le rôle fondamental de la responsabilité dans l’utilisation de l’AI (§ 45, 46).

Voir le fichier pdf (5 pages) correspondant ICI

2. L’Église encourage les progrès de la science, de la technologie, des arts et de toute autre entreprise humaine, les considérant comme faisant partie de « la collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu dans le perfectionnement de la création visible » (CEC n° 378). Comme l’affirme le Siracide, Dieu « a donné la science aux hommes pour être glorifié dans ses merveilles » (Sir 38,6). Les capacités et la créativité de l’être humain viennent de Lui et, lorsqu’elles sont utilisées à bon escient, Lui rendent gloire en tant que reflet de Sa sagesse et de Sa bonté. […]

II. Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

10. Dans le cas de l’être humain, l’intelligence est une faculté relative à la personne dans son intégralité, tandis que, dans celui de l’IA, elle est comprise dans un sens fonctionnel, en présupposant souvent que les activités propres à l’esprit humain peuvent se décomposer en étapes digitalisées, de manière telle que même les machines puissent les copier.

11. Cette perspective fonctionnelle est illustrée par le test de Turing, selon lequel une machine est considérée comme intelligente si une personne est incapable de distinguer son comportement de celui d’un autre être humain.[…] L’intelligence d’un système est évaluée, de manière méthodologique mais aussi réductionniste, sur la base de sa capacité à produire des réponses appropriées, c’est-à-dire celles qui sont associées à l’intellect humain, quelle que soit la manière dont ces réponses sont générées.

12. Ses caractéristiques avancées confèrent à l’IA des capacités sophistiquées d’exécution de tâches, mais pas la capacité de penser. Cette distinction est d’une importance décisive, car la manière dont l’intelligence est définie délimite inévitablement la compréhension de la relation entre la pensée humaine et cette technologie. Pour ce faire, il convient de rappeler que la richesse de la tradition philosophique et de la théologie chrétienne offre une vision plus profonde et plus complète de l’intelligence, qui est à son tour au cœur de l’enseignement de l’Église sur la nature, la dignité et la vocation de la personne humaine.

III.  L’intelligence dans la tradition philosophique et théologique

La rationalité

13. Depuis l’aube de la réflexion de l’humanité sur elle-même, l’esprit a joué un rôle central dans la compréhension de ce que signifie être « humain ». Aristote a observé que « tous les êtres humains tendent par nature à la connaissance ». Cette connaissance humaine, avec sa capacité d’abstraction qui permet de saisir la nature et le sens des choses, les distingue du monde animal. La nature exacte de l’intelligence a fait l’objet de recherches de la part de philosophes, de théologiens et de psychologues, qui ont également examiné comment l’être humain comprend le monde et en fait partie, tout en y occupant une place particulière. Grâce à ces recherches, la tradition chrétienne en est venue à comprendre la personne comme un être composé d’un corps et d’une âme, à la fois profondément lié à ce monde et s’étendant au-delà.

14. Dans la tradition classique, le concept d’intelligence est souvent décliné dans les termes complémentaires de « raison » (ratio) et d’« intellect » (intellectus). Il ne s’agit pas de facultés distinctes, mais, comme l’explique saint Thomas d’Aquin, de deux modes d’opération de la même intelligence : « Le terme intellect dérive de la pénétration intime de la vérité ; tandis que la raison dérive de la recherche et du processus discursif ». Cette description concise permet de mettre en évidence les deux prérogatives fondamentales et complémentaires de l’intelligence humaine : l’intellectus se réfère à l’intuition de la vérité, c’est-à-dire à sa saisie avec les « yeux » de l’esprit, qui précède et fonde l’argumentation elle-même, tandis que la ratio se rapporte au raisonnement proprement dit, c’est-à-dire au processus discursif et analytique qui conduit au jugement. Ensemble, intellect et raison constituent les deux faces de l’acte unique d’intelligere, « opération de l’homme en tant qu’homme » (S. Th, Ia, q. 76, a. 1).

15. Présenter l’être humain comme un être « rationnel », ce n’est pas le réduire à un mode de pensée spécifique ; c’est plutôt reconnaître que la capacité de compréhension intellectuelle de la réalité façonne et imprègne toutes ses activités, constituant d’ailleurs, exercée en bien ou en mal, un aspect intrinsèque de la nature humaine. En ce sens, le mot « rationnel » englobe en fait toutes les capacités de l’être humain : aussi bien celle de connaître et de comprendre que celle de vouloir, d’aimer, de choisir, de désirer. Le terme « rationnel » comprend donc également toutes les capacités corporelles intimement liées à celles mentionnées ci-dessus ». Une perspective aussi large met en évidence la façon dont la rationalité est intégrée dans la personne humaine, créée à « l’image de Dieu », d’une manière qui élève, façonne et transforme à la fois sa volonté et ses actions.

Incarnation

16. La pensée chrétienne considère les facultés intellectuelles dans le cadre d’une anthropologie intégrale qui conçoit l’être humain comme un être essentiellement incarné. Dans la personne humaine, l’esprit et la matière « ne sont pas deux natures unies, mais leur union forme une unique nature » (S. Th, Ia, q. 75, a. 4). En d’autres termes, l’âme n’est pas la « partie » immatérielle de la personne contenue dans le corps, de même que le corps n’est pas l’enveloppe extérieure d’un « noyau » subtil et intangible, mais c’est l’être humain tout entier qui est, en même temps, matériel et spirituel. Cette façon de penser reflète l’enseignement de la Sainte Écriture, qui considère la personne humaine comme un être qui vit ses relations avec Dieu et avec les autres, et donc sa dimension purement spirituelle, à l’intérieur et à travers cette existence corporelle. Le sens profond de cette condition est éclairé par le mystère de l’Incarnation, grâce auquel Dieu lui-même a pris notre chair, qui « a été élevée, en nous aussi, à une dignité sublime ».

17. Bien que profondément enracinée dans une existence corporelle, la personne humaine transcende le monde matériel grâce à son âme, qui « se trouve pour ainsi dire à l’horizon de l’éternité et du temps ». C’est à elle qu’appartiennent la capacité de transcendance de l’intellect et la possession du libre arbitre, pour lesquels l’être humain « participe à la lumière de l’intelligence divine ». Malgré cela, l’esprit humain ne met pas en œuvre son mode normal de connaissance sans le corps (S. Th, Ia, q. 89, a. 1). Ainsi, les capacités intellectuelles de l’être humain font partie intégrante d’une anthropologie qui reconnaît qu’il est une « unité d’âme et de corps ». D’autres aspects de ce point de vue seront développés dans ce qui suit.

Relations

18. Les êtres humains sont « ordonnés par leur nature même à la communion interpersonnelle » ayant la capacité de se connaître, de se donner par amour et d’entrer en communion avec les autres. Par conséquent, l’intelligence humaine n’est pas une faculté isolée, mais s’exerce dans les relations, trouvant sa pleine expression dans le dialogue, la collaboration et la solidarité. Nous apprenons avec les autres, nous apprenons par les autres.

19. L’orientation relationnelle de la personne humaine se fonde en définitive sur le don éternel du Dieu trinitaire, dont l’amour se révèle à la fois dans la création et dans la rédemption. La personne est appelée « à partager, dans la connaissance et l’amour, la vie de Dieu ».

20. Un tel appel à la communion avec Dieu est nécessairement lié à un appel à la communion avec les autres. L’amour de Dieu ne peut être séparé de l’amour du prochain (cf. 1Jn 4,20 ; Mt 22,37). En vertu de la grâce de partager la vie de Dieu, les chrétiens deviennent également des imitateurs du don débordant du Christ (cf. 2 Co 9,8 ; Ep 5,1) en suivant son commandement : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34). L’amour et le service, faisant écho à la vie divine intime de don de soi, transcendent l’intérêt personnel pour répondre plus pleinement à la vocation humaine (cf. 1Jn 2,9). L’engagement à prendre soin les uns des autres est encore plus sublime que le fait de savoir beaucoup de choses, car même si « je connaissais tous les mystères et si j’avais toute la science, sans la charité, je ne serais rien » (1Co 13,2).

21. L’intelligence humaine est en définitive un « don de Dieu fait pour percevoir la vérité » (Veritatis Splendor 109). Au double sens d’intellectus-ratio, elle permet à la personne d’accéder aux réalités qui dépassent la simple expérience sensorielle ou l’utilité, car « le désir de vérité appartient à la nature même de l’homme. C’est une propriété native de sa raison que de s’interroger sur le pourquoi des choses ». En dépassant les limites des données empiriques, l’intelligence humaine « peut conquérir la réalité intelligible avec une véritable certitude ». Même si la réalité n’est que partiellement connue, « le désir de vérité pousse la raison à aller toujours plus loin ; elle est même comme submergée par la réalisation de sa capacité toujours plus grande pour ce qu’elle atteint ». Bien que la Vérité en elle-même dépasse les limites de l’intellect humain, celui-ci est néanmoins irrésistiblement attiré par elle, et poussé par cette attirance, l’être humain est amené à rechercher « une vérité plus profonde ».

22. Cette tension innée dans la recherche de la vérité se manifeste de façon particulière dans les capacités typiquement humaines de compréhension sémantique et de production créative, grâce auxquelles cette recherche se réalise « d’une manière conforme à la dignité de la personne humaine et à sa nature sociale ». […]

Garde du monde

24. La foi chrétienne considère la création comme un acte libre du Dieu trinitaire qui, comme l’explique saint Bonaventure, crée « non pour accroître sa propre gloire, mais pour la manifester et la communiquer ». Puisque Dieu crée selon sa sagesse (cf. Sg 9,9 ; Jr 10,12), le monde créé est imprégné d’un ordre intrinsèque qui reflète son dessein (cf. Gn 1 ; Dn 2,21), au sein duquel il a appelé les êtres humains à assumer un rôle particulier : celui de cultiver et de prendre soin du monde. […]

25. L’intelligence humaine reflète l’Intelligence divine qui a créé toutes choses (cf. Gn 1-2 ; Jn 1), les soutient continuellement et les conduit à leur fin ultime en Lui. En outre, les êtres humains sont appelés à développer leurs capacités dans le domaine de la science et de la technologie parce qu’en elles, Dieu est glorifié (cf. Sir 38,6). Par conséquent, dans une juste relation avec la création, d’une part, les êtres humains emploient leur intelligence et leur habileté pour coopérer avec Dieu en guidant la création vers le but auquel Il l’a appelée, tandis que, d’autre part, le monde lui-même, comme l’observe saint Bonaventure, aide l’esprit humain à « s’élever graduellement, comme par les différents degrés d’une échelle, jusqu’au principe le plus élevé qu’est Dieu ».

Une compréhension intégrale de l’intelligence humaine

26. Dans ce contexte, l’intelligence humaine apparaît plus clairement comme une faculté qui fait partie intégrante de la manière dont la personne entière s’engage dans la réalité. L’engagement authentique exige d’embrasser toute l’étendue de l’être : spirituel, cognitif, incarné et relationnel.

27. Cet intérêt pour la réalité se manifeste de diverses manières, car chaque personne, dans son caractère unique aux multiples facettes, cherche à comprendre le monde, entre en relation avec les autres, résout des problèmes, exprime sa créativité et recherche un bien-être intégral grâce à la synergie des différentes dimensions de l’intelligence. Cela implique des capacités logiques et linguistiques, mais peut également inclure d’autres façons d’interagir avec la réalité. […] Les peuples indigènes qui vivent près de la terre possèdent souvent un sens profond de la nature et de ses cycles. De même, l’ami qui sait trouver le mot juste, ou la personne qui sait bien gérer les relations humaines, illustrent une intelligence qui est « le fruit de la réflexion, du dialogue et de la rencontre généreuse entre les personnes ».

28. Au cœur de la vision chrétienne de l’intelligence se trouve l’intégration de la vérité dans la vie morale et spirituelle de la personne, orientant ses actions à la lumière de la bonté et de la vérité de Dieu. Selon son dessein, l’intelligence entendue au sens plein comprend aussi la possibilité de savourer ce qui est vrai, bon et beau, et l’on peut donc dire, comme Paul Claudel, que « l’intelligence n’est rien sans la délectation ». […]

Limites de l’IA

30. À la lumière de ce qui précède, les différences entre l’intelligence humaine et les systèmes d’IA actuels semblent évidentes. Bien qu’il s’agisse d’une réalisation technologique extraordinaire capable d’imiter certaines opérations associées à la rationalité, l’IA ne fonctionne qu’en effectuant des tâches, en atteignant des objectifs ou en prenant des décisions basées sur des données quantitatives et une logique informatique. Grâce à son pouvoir d’analyse, par exemple, elle excelle à intégrer des données provenant de divers domaines, à modéliser des systèmes complexes et à faciliter les liens interdisciplinaires. Elle pourrait ainsi faciliter la collaboration entre experts pour résoudre des problèmes dont la complexité est telle qu’ils « ne peuvent être abordés d’un seul point de vue ou à partir d’un seul ensemble d’intérêts ».

31. Cependant, bien que l’IA traite et simule certaines expressions de l’intelligence, elle reste fondamentalement confinée dans un cadre logico-mathématique, ce qui lui impose certaines limites inhérentes. Alors que l’intelligence humaine se développe continuellement de manière organique au cours de la croissance physique et psychologique d’une personne et qu’elle est façonnée par une myriade d’expériences vécues dans le corps, l’IA n’a pas la capacité d’évoluer dans ce sens. Bien que les systèmes avancés puissent « apprendre » grâce à des processus tels que l’apprentissage automatique, ce type de formation est essentiellement différent du développement de l’intelligence humaine, qui est façonnée par ses expériences corporelles : stimuli sensoriels, réponses émotionnelles, interactions sociales et contexte unique qui caractérise chaque moment. Ces éléments façonnent et forment l’individu dans son histoire personnelle. En revanche, l’IA, dépourvue de corps physique, s’appuie sur le raisonnement et l’apprentissage computationnels à partir de vastes ensembles de données comprenant des expériences et des connaissances pourtant collectées par des êtres humains.

32. Par conséquent, bien que l’IA puisse simuler certains aspects du raisonnement humain et exécuter certaines taches avec une rapidité et une efficacité incroyables, ses capacités de calcul ne représentent qu’une fraction des possibilités les plus larges de l’esprit humain. Ainsi, elle ne peut pas actuellement reproduire le discernement moral et la capacité d’établir d’authentiques relations. En outre, l’intelligence de la personne s’insère à l’intérieur d’une histoire de formation intellectuelle et morale vécue à un niveau personnel, qui modèle de façon essentielle la perspective de chaque personne, en impliquant les dimensions physique, émotive, sociale, morale et spirituelle de sa vie. Comme l’IA ne peut offrir cette profondeur de compréhension, des approches fondées uniquement sur cette technologie ou qui la prennent comme chemin d’accès principal à l’interprétation du monde peuvent amener à faire « perdre le sens de la totalité, des relations qui existent entre les choses, d’un horizon large » (Laudato Si, n° 110)

33. L’intelligence humaine ne consiste pas principalement à accomplir des tâches fonctionnelles, mais plutôt à comprendre et à s’engager activement dans la réalité sous tous ses aspects ; elle est également capable d’intuitions surprenantes. Comme l’IA ne possède pas la richesse de la corporalité, de la relationnalité et de l’ouverture du cœur humain à la vérité et à la bonté, ses capacités, bien qu’apparemment infinies, sont incomparables à la capacité humaine d’appréhender la réalité. On peut apprendre beaucoup d’une maladie, tout comme on peut apprendre d’une étreinte de réconciliation, et même d’un simple coucher de soleil. Tout ce que nous vivons en tant qu’êtres humains nous ouvre de nouveaux horizons et nous offre la possibilité d’atteindre une nouvelle sagesse. Aucun appareil, qui ne fonctionne qu’avec des données, ne peut égaler ces expériences et tant d’autres dans nos vies. […]

IV. Le rôle de l’éthique dans l’orientation du développement et de l’utilisation de l’IA

36. L’activité technico-scientifique n’est pas neutre, car elle est une entreprise humaine qui met en question les dimensions humanistes et culturelles de l’ingéniosité humaine.

37. Considérées comme le fruit des potentialités inscrites dans l’intelligence humaine, la recherche scientifique et le développement des compétences techniques font partie de la « collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu pour amener la création visible à la perfection ». En même temps, toutes les réalisations scientifiques et technologiques sont en fin de compte des dons de Dieu. […]

39. Pour relever les défis [du développement technique], il convient d’attirer l’attention sur l’importance de la responsabilité morale fondée sur la dignité et la vocation de la personne. Ce principe est également valable pour les questions liées à l’IA. Ici, la dimension éthique est primordiale puisque ce sont les personnes qui conçoivent les systèmes et qui déterminent à quoi ils servent. Entre une machine et un être humain, seul ce dernier est véritablement un agent moral, c’est-à-dire un sujet moralement responsable qui exerce sa liberté dans ses décisions et en assume les conséquences ; seul l’être humain est en relation avec la vérité et le bien, guidé par la conscience morale qui l’appelle « à aimer, à faire le bien et à éviter le mal », attestant de « l’autorité de la vérité en référence au Bien suprême, dont la personne humaine ressent l’attrait » ; seul l’être humain peut être suffisamment conscient de lui-même pour pouvoir écouter et suivre la voix de la conscience, en discernant avec prudence et en recherchant le bien possible dans chaque situation. En effet, cela aussi fait partie de l’exercice de l’intelligence de la personne.

40. Comme tout produit de l’ingéniosité humaine, l’IA peut être utilisée à des fins positives ou négatives. Lorsqu’elle est utilisée de manière à respecter la dignité humaine et à promouvoir le bien-être des individus et des communautés, elle peut contribuer favorablement à la vocation humaine. Toutefois, comme dans tous les domaines où l’être humain est appelé à prendre des décisions, l’ombre du mal s’étend ici aussi. Là où la liberté humaine permet de choisir le mal, l’évaluation morale de cette technologie dépend de la manière dont elle est orientée et employée.

41. Cependant, ce ne sont pas seulement les fins mais aussi les moyens employés pour les atteindre qui sont éthiquement significatifs ; la vision globale et la compréhension de la personne intégrée dans de tels systèmes sont également importantes. Les produits technologiques reflètent la vision du monde de leurs concepteurs, propriétaires, utilisateurs et régulateurs et, grâce à leur pouvoir, ils « façonnent le monde et engagent les consciences au niveau des valeurs ». Au niveau sociétal, certains développements technologiques peuvent également renforcer les relations et les dynamiques de pouvoir qui ne sont pas conformes à une vision correcte de l’individu et de la société.

42. […] L’intelligence humaine joue un rôle crucial non seulement dans la conception et la production des technologies, mais aussi dans l’orientation de leur utilisation en fonction du bien authentique de la personne. La responsabilité d’exercer cette gestion avec sagesse appartient à tous les niveaux de la société, sous la conduite du principe de subsidiarité et des autres principes de la Doctrine sociale de l’Église.

Une aide à la liberté humaine et à la prise de décision

43. L’engagement de veiller à ce que l’IA respecte et promeuve toujours la valeur suprême de la dignité de chaque être humain et la plénitude de sa vocation est un critère de discernement qui concerne les développeurs, les propriétaires, les opérateurs et les régulateurs, ainsi que les utilisateurs finaux, et qui reste valable pour toutes les utilisations de la technologie à tous les niveaux.

44. Une analyse des implications de ce principe pourrait donc commencer par l’examen de l’importance de la responsabilité morale. Étant donné que la causalité morale au sens plein n’appartient qu’aux agents personnels, et non aux agents artificiels, il est de la plus haute importance de pouvoir identifier et définir qui est responsable des processus d’IA, en particulier de ceux qui comportent des possibilités d’apprentissage, de correction et de reprogrammation. Si les méthodes empiriques et les réseaux neuronaux très profonds permettent à l’IA de résoudre des problèmes complexes, ils rendent également difficile la compréhension des processus qui ont conduit à ces solutions. Cela complique l’établissement des responsabilités, car si une application d’IA devait produire des résultats indésirables, il deviendrait difficile de déterminer à qui les attribuer. Pour résoudre ce problème, il faut tenir compte de la nature des processus de responsabilité dans des contextes complexes et hautement automatisés, où les résultats ne sont souvent observables qu’à moyen ou long terme. Il est donc important que la personne qui prend des décisions sur la base de l’IA en soit tenue pour responsable et qu’il soit possible de rendre compte de l’utilisation de l’IA à chaque étape du processus décisionnel.

45. Outre la détermination des responsabilités, il convient d’établir les finalités assignées aux systèmes d’IA. Bien qu’ils puissent utiliser des mécanismes d’apprentissage autonome non supervisés et suivre parfois des chemins qui ne peuvent être reconstruits, ils poursuivent en fin de compte des objectifs qui leur ont été assignés par l’homme et sont régis par des processus établis par ceux qui les ont conçus et programmés. Il s’agit là d’un défi car, à mesure que les modèles d’IA deviennent de plus en plus capables d’apprentissage autonome, la possibilité d’exercer un contrôle sur eux afin de s’assurer que ces applications servent les objectifs humains peut être réduite. Cela pose le problème crucial de savoir comment s’assurer que les systèmes d’IA sont commandés pour le bien des personnes et non contre elles.

46. Si l’utilisation éthique des systèmes d’IA interpelle en premier lieu ceux qui les développent, les produisent, les gèrent et les supervisent, cette responsabilité est également partagée par les utilisateurs. En effet, comme l’a observé le pape François, « ce que fait la machine est un choix technique entre plusieurs possibilités et se fonde soit sur des critères bien définis, soit sur des déductions statistiques. L’être humain, en revanche, non seulement choisit, mais dans son cœur il est capable de décider ». Ceux qui utilisent l’IA pour effectuer une tâche et en suivre les résultats créent un contexte dans lequel ils sont en fin de compte responsables du pouvoir qu’ils ont délégué. Par conséquent, dans la mesure où l’IA peut aider les humains à prendre des décisions, les algorithmes qui la pilotent doivent être fiables, sûrs, suffisamment robustes pour gérer les incohérences et transparents dans leur fonctionnement afin d’atténuer les biais et les effets secondaires indésirables. Les cadres réglementaires doivent garantir que toutes les entités juridiques peuvent rendre compte de l’utilisation de l’IA et de toutes ses conséquences, avec des mesures appropriées pour garantir la transparence, la confidentialité et la responsabilité. En outre, les utilisateurs devraient veiller à ne pas devenir trop dépendants de l’IA pour leurs décisions, ce qui augmenterait le degré déjà élevé de subordination à la technologie qui caractérise la société contemporaine. […] 48. L’IA, comme toute technologie, peut faire partie d’une réponse consciente et responsable à la vocation de l’humanité à la bonté. [… Son utilisation], comme l’a dit le pape François, doit être accompagnée par une « éthique fondée sur une vision du bien commun, une éthique de la liberté, de la responsabilité et de la fraternité ».

° Les références bibliographiques du texte original ont été omises -sauf les plus importantes- pour alléger la présentation. Elles peuvent être retrouvées sur le site officiel ( //www.vatican.va › roman_curia › congregations )

Mardi 20 mai à 18 h 15 : ‘La guerre des intelligences n’aura pas lieu’

Une conférence-débat a organisée à l’espace Bernanos sur le thème :
La guerre des intelligences n’aura pas lieu !
Réponse aux transhumanistes

faite par Rémi SENTIS
Directeur de recherche émérite en mathématiques appliquées, auteur avec J-F Lambert du livre correspondant au thème précité.

Télécharger ICI le résumé en 4 pages de la conférence.

L’IA va-t-elle surpasser l’intelligence humaine ? Peut-elle être totalement autonome? Etre consciente ? Quelles sont les controverses éthiques sous-jacentes aux débats sur l’IA ? Voici quelques unes des questions qui seront abordées.

Pour une école d’élévation : créateurs et non pas créatures.

Conférence faite le 14-03-23 lors du colloque organisé par l’ASC au Collège des Bernardins sur le thème L’École et la transmission face au défi du tout-numérique.

par Alain BENTOLILA°

Demain, comme tous les jours, chaque enseignant poussera la porte de sa classe pour y retrouver une vingtaine « d’enfants des autres » qui, pour certains, ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là et qui, pour d’autres préfèreraient être ailleurs.  Chacun laissera sur le seuil les doutes qui le taraudent, ses espoirs souvent déçus et chaque matin il renouvellera cependant le ‘serment de l’instituteur’ : « Vous ne sortirez pas de ma classe dans le même état intellectuel qui était le vôtre quand vous y êtes entrez. Vous aurez appris des choses que vous ne saviez pas, vous aurez compris des choses que vous ne faisiez que contempler, vous agirez avec plus de discernement et plus de respect »

Demain, donc, « il y aura école » et c’est heureux ! Mais quelle école ? Nécessairement une école différente, menacée par les réseaux sociaux, bousculée par la puissance d’internet et pervertie par la violence. Plus que jamais, cette école, doit s’employer à faire de ses élèves des citoyens capables de résister aux manipulations et aux mensonges.

Pour relever ce défi, elle devra tirer le meilleur de deux mondes : le monde où le numérique impose sa fulgurance, face à celui où l’écriture porte plus précisément la pensée ; le monde où l’image décrète l’évidence, face à celui ou la lecture exige une construction patiente du sens ;   le monde enfin où il suffit de « montrer », face à celui où l’on doit « démontrer » avec rigueur et exigence.

Seule l’alliance entre enseignants et parents permettra de construire cette « école de l’équilibre » ; chacun devra alors renoncer à certaines habitudes confortables, en finir avec certaines addictions et dépasser les petites lâchetés quotidiennes.

Laissez-moi, à présent, vous conter une histoire :

Un compartiment de TGV. En face de moi, une famille : père et mère accompagnés d’un adolescent d’une douzaine d’années environ. À mes côtés, une dame d’un certain âge avec un petit garçon de 4 ou 5 ans.

À peine assis, l’adolescent sort sa tablette et se plonge dans un jeu vidéo qui, si l’on se fie au vacarme qu’il produit, est tout sauf serein et pacifique. Cela semble ne pas inquiéter les parents. Le père sort son ordinateur et passe une bonne heure à répondre à ses mails, la mère est accrochée à son portable et regarde les messages laissés par ses « amis » sur sa page Facebook. Entre les membres de cette famille, pas un mot ne sera échangé durant nos deux heures de voyage. Pendant ce temps, la grand-mère parle à son petit-fils et commente le paysage qui défile. Non seulement elle lui parle, mais elle le regarde dans les yeux et, lui, lui rend son regard. « Tu vois, Bilal, c’est une éolienne », lui dit-elle. « É-o-li-enne, répète gravement l’enfant ; et à quoi ça sert ? » « Eh bien, lorsque le vent souffle, il fait tourner les 3 grandes pales et ce mouvement produit de l’électricité. » Et l’enfant répète le mot chaque fois qu’il en voit une. « Oui, ‘éolienne’ cela vient du nom du dieu du vent Éole, poursuit la grand-mère qui écrit les deux mots sur une feuille. Et là, regarde ! Ce sont des vaches dans ce pré. Et là, ce champ de fleurs jaunes, cela s’appelle du colza et on obtient de l’huile en écrasant ses graines… » Encore, et encore se prolongea cette transmission des mots et du savoir en éclatante opposition au silence et à l’enfermement de chacun des membres de la « famille connectée ».

L’omniprésence des écrans, l’addiction irrépressible aux photos et aux vidéos   imposent la dictature de l’évidence ponctuelle à la réflexion et à l’imagination de nos enfants, engendrant la méfiance pour toute conceptualisation et la suspicion envers la profondeur historique.

Aujourd’hui des milliers d’yeux regardent par le même trou de serrure et contemplent, avec la même délectation ou la même détestation une réalité iconique qu’ils n’ont ni les moyens intellectuels ni même l’idée de questionner.

L’image instantanée, prise « sur le vif » est immédiatement livrée pour être portée au plus haut des like par un buzz anonyme et complaisant.  Elle sert souvent aujourd’hui les desseins de dangereux manipulateurs. Ceux-ci utilisent la confiance spontanée dont bénéficie la photo, ou la vidéo (« vu donc vrai ! ») pour passer sans vergogne de la ponctualité à la généralisation, du constat à la vérité définitive, du conjoncturel au partout et au toujours, de l’accident à l’essence, du hasard au déterminé.

Cette forme de manipulation des esprits, parmi les plus vénéneuses, est souvent utilisée par des élèves harceleurs qui parviennent à voler l’image de certains de leurs « camarades » dans des situations qui les cloueront définitivement au « pilori numérique ». Elle a d’ailleurs de tous temps constitué un outil efficace utilisé par la propagande populiste : une vidéo montrant un nombre important de personnes noires à Barbès suffit pour annoncer le « grand remplacement » ; la photographie d’un homme coiffé d’une kippa sortant d’une banque atteste sans le moindre doute de l’outrageuse richesse des juifs…

Dans cet univers dominé par l’instantanéité de l’image, l’Histoire qui doit nous rassembler n’éclaire plus la réflexion des élèves pour qui la superficialité de l’évidence l’a emporté sur la profondeur de l’analyse : pour beaucoup, ils ont fait du passé table rase et du futur une croyance. Ils se méfient « des récits fondateurs » qui doivent nous relier ; ils n’ont que faire des informations transmises, de plume en plume, de génération en génération. Seul importe l’instantané visible et montrable qui refuse tout ancrage temporel, toute mise en contexte, toute comparaison fertile. La continuité historique, construite patiemment à distance, de trace en trace, d’exhumation en exhumation, est ainsi devenue suspecte. Suspecte de mensonge et suspecte de manipulation, elle cède à tout coup devant la « preuve iconique » la plus dépravée. J’ai encore en mémoire cette phrase terrible d’un élève de sixième assénée à son professeur à la fin d’un cours sur la Shoah : « Tu n’y étais pas et moi non plus, alors tu crois ce que tu veux et moi aussi ! ».

L’image, lorsqu’elle prétend imposer sa brutalité ponctuelle à la pensée, lorsqu‘elle efface l’échange et le dialogue, lorsqu’elle menace de supplanter le récit de notre histoire, nous fait courir un risque majeur. Celui de la soumission au credo. Elle porte en elle le danger d’une pensée à courte vue, une pensée impressionnée, privée des liens chronologiques et logiques que seuls le récit et l’argumentation peuvent offrir.

Je ne vous invite pas à la nostalgie, tout comme je ne vous propose pas de jeter au feu vos téléphone et tablettes ! Je souhaite simplement que l’attention et l’exigence que vous porterez à vos enfants et à vos élèves, votre volonté de leur transmettre des choses belles et intéressantes, l’écoute que vous leur offrirez et le regard, enfin, dont vous les gratifierez affirmeront qu’ils comptent pour vous, qu’ils ne sont pas une charge à assumer mais un espoir de continuité : celui de les rendre capables de bâtir un monde meilleur que celui que vous leur aurez laisser ! 

Car à quoi bon se battre pour léguer à ceux qui arrivent une planète « vivable » si leurs esprits, privés de mémoire collective, de langage maîtrisé et du désir de comprendre, sont condamnés à errer dans le silence glacial d’un désert culturel et spirituel ? Soumis au premier mot d’ordre, éblouis par le premier chatoiement, trompés par le moindre mirage. 

° A. B., linguiste, professeur des Universités émérite, auteur de nombreux essais

Tribune libre. L’EVARS, le prétexte des connaissances scientifiques et les conflits d’intérêt.

Cette tribune n’engage que son auteur.

Le programme officiel pour l’EVARS (éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité) a été publié le 8 février 2025 et devrait être obligatoire dans le public et le privé sous contrat dès septembre. Beaucoup a déjà été dit sur les penchants idéologiques de ce programme, mais nous désirons ici pointer quelques supercheries dans cette affaire.
Tout d’abord, il y a le fait de mentionner des connaissances scientifiques ainsi que le site officiel du Ministère le fait dans un document (datant de 2023) sur l’Éducation à la sexualité : il y est dit que celle-ci « est étayée par des connaissances scientifiques, fondées sur un savoir qui se construit à partir d’explications justifiées auquel on ne peut opposer des croyances religieuses ».
En fait, à part les connaissances biologiques classiques (différence sexuelle, reproduction, etc. relevant du programme biologie en lycée et non de l’EVARS), on remarque surtout des positions promues par l’OMS. Le programme mentionne ainsi les « choix responsables » que sont « les moyens de contraception, l’IVG » (en 4°), il oppose l’identité sexuelle et l’identité de genre (notion absconse introduite dans le droit français par les socialistes en 2016). De plus, on relève les termes de stéréotypes de genre (dès le CE1), homophobie, transphobie, familles hétéroparentales (dès le CP), etc., notions qui ne relèvent aucunement de sciences, mais sont issues de « gender studies » imposées au monde éducatif par la sociologie universitaire.
Loin des « explications justifiées », ce programme est fondé sur des a priori idéologiques : la lutte contre les discriminations remplaçant la morale ; la nécessité du plaisir qui contribue au bien-être ; la focalisation sur un supposé consentement exprimé par l’enfant (alors la notion de consentement n’est pas compréhensible par les jeunes enfants).
Autre supercherie, le fait de parler de prévention de la pornographie. En effet, l’EVARS favorise une sexualisation précoce des enfants et ne leur délivre que des discours ambigus sur le visionnage de scènes pornographiques, discours évacuant la notion de mal et ne faisant qu’éveiller une certaine curiosité. D’ailleurs, nos gouvernants pratiquent le double langage sur ce sujet : ils disent vouloir empêcher l’accès des plateformes concernées aux mineurs, mais n’osent pas imposer des mesures coercitives (les outils prévus par la loi de mai 2024 destinés à empêcher cet accès – avec la publication d’un référentiel déterminant les exigences techniques de vérification d’âge – ne sont toujours pas opérationnels et ils s’apparentent à une usine à gaz).
L’insistance sur la prévention – concernant ce sujet ou celui des relations sexuelles précoces – est en fait un prétexte pour justifier l’introduction dans les établissements scolaires d’associations militantes, telles que Sidaction ou le Planning Familial qui ont poussé à la publication de ce programme. N’y a-t-il pas une escroquerie derrière cela ? Car ces associations ont bien l’arrière-pensée de signer des partenariats financiers pérennes avec le Ministère sur ce sujet de l’EVARS. Dans la commission qui a rédigé ce programme, les conflits d’intérêt sont évidents !
Enfin, ce programme est un outil supplémentaire pour déstabiliser les établissements sous contrat d’association ; cela est d’ailleurs assumé dans le document de 2023, cité plus haut. Les enseignants seraient contraints de suivre des recommandations contraires aux principes éthiques qui relèvent du « caractère propre » de leur établissement. Mais n’était-ce pas le but qu’avait Pap Ndiaye en lançant ce chantier ?
S’il devait exister une éducation affective et sexuelle à l’école ou au collège, elle devrait être supervisée par les parents d’élèves, ce qui assurerait une indépendance vis-à-vis de l’idéologie dominante.

Rémi Sentis

Colloque 17 janvier à 16 h 30. Méditation, prière, neurosciences

 

Nous avons organisé un colloque le 17 janvier 2025 dans l’auditorium de l’Espace Bernanos qui était quasiment plein pour l’occasion !

Méditation, prière et neurosciences

Les différentes méthodes de méditation ont en commun une attention à l’instant présent : ne pas refouler les pensées qui nous assaillent, ni nous laisser envahir par elles. Par ailleurs, certaines postures relevant de la physiologie – la respiration par exemple – peuvent favoriser méditation et prière. Quels sont les points communs et les différences entre la prière chrétienne et la méditation ?  Quelle peut être la place de la méditation en psychothérapie ? De quelle façon la prière ou la méditation modifient-elles le fonctionnement cérébral ? 

Jeanne Siaud-Facchin, psychothérapeute, fondatrice du réseau Psychologie-Cogito’Z,
Méditer, vous avez dit méditer ? L’apport des pratiques de pleine conscience.
François-Benoit Vialatte, psychologue, chercheur en psychopathologie cognitive,
Processus cognitifs liés à la méditation et à la prière : points communs et spécificités.
Dr Claire Damy, psychiatre, animatrice de sessions de méditation de pleine conscience et de retraites de méditation chrétienne,
Méditation et retraites, leurs places en psychothérapie.

Mgr Pascal Ide, docteur en théologie, philosophie et médecine,
Méditation de pleine conscience. Accueillir et discerner.
Sr Marie de la Visitation, religieuse de la communauté des Béatitudes.
Quand le corps aide à prier – Être ici et maintenant.

Pour s’inscrire à la liste de diffusion de l’Association afin d’être au courant de la publication des Actes du colloque (et des activités de l’association), il suffit d’envoyer un mail à l’adresse : scien.ch@gmail.com (en indiquant son nom et prénom).